Pierre Amoyal
- Dans la lumière de Heifetz | livre d'entretiens
Né à Paris en 1949, Pierre Amoyal a le violon dans le sang. Un sang où coule un peu de Russie et un peu d’Afrique du Nord séfarade, et surtout beaucoup de passion. Faire de la musique constitue dès son plus jeune âge une idée fixe.
Pendant que ses camarades jouent dehors, lui fait ses gammes, ses études, brûle les étapes: premier prix du Conservatoire de Paris à… 12 ans! Il aurait pu étudier avec David Oïstrakh: il a choisi Jascha Heifetz et la côte ouest des Etats-Unis. Un géant pour un autre. Cinq années d’immersion, dont il vibre encore et vibrera sans doute jusqu’à son dernier souffle. Révélation, discipline, idéal. Rencontré en février 2014 dans son pied-à-terre de Lausanne, ville de cœur et d’adoption, Pierre Amoyal aurait pu se contenter de filer les grands noms et les salles prestigieuses qui ont jalonné sa carrière depuis ces années décisives, citer Karajan, Solti, Boulez, Ozawa: il préfère nous parler de ses derniers coups de foudre comme professeur, du présent. Après vingt années au Conservatoire de Lausanne, il vit depuis peu une nouvelle aventure pédagogique au Mozarteum de Salzbourg, sur les traces d’un autre grand violoniste: Sándor Végh. Transmettre: une évidence. Comme celle qui le pousse à se lancer sans cesse de nouveaux défis. On l’a aimé à en pleurer dans son duo avec le clown Howard Buten, alias «Amoyal et Buffo». On s’est délecté de l’atmosphère proustienne de la «Sonate de Vinteuil» revisitée avec Lambert Wilson et son complice pianiste Pascal Rogé. On suit avec bonheur les concerts de la Camerata de Lausanne qu’il a fondée en 2000, où il joue comme il enseigne: debout, en cercle, primus inter pares. Il y a bien sûr le «Kochanski», sublime Stradivarius de 1717 qui durant l’entretien semble nous observer dans sa robe de soie, confortablement lové dans sa boîte sur le canapé, toujours à portée de main: on connaît l’histoire du vol de l’instrument sur les routes d’Italie et sa réapparition rocambolesque, elle a fait l’objet d’un livre en 2004. Celui que vous tenez entre les mains se veut un face-à-face intimiste et vivant à la fois, suivant les portées d’une partition toujours en mouvement. À 65 ans, Pierre Amoyal semble encore un jeune homme: la musique conserve. Et plus encore peut-être que la sienne: celle des autres – de ces violonistes en herbe qui le portent jour après jour et à qui il transmet sans relâche les préceptes sans prix qui lui ont été légués par Heifetz, et à travers lui par le père de la grande école russe de violon Leopold Auer.
- 2014
- © La Bibliothèque des Arts, Lausanne – collection «Paroles vives»